A l’issue des travaux de carte scolaire, la colère et l’amertume dominent dans les écoles de REP du département, qui ont le sentiment légitime de servir de variables d’ajustement au DASEN, sans souci ni des équipes ni de la qualité du service rendu au public le plus défavorisé du 04.

Blanquer a supprimé à son arrivée les Dispositifs Plus de Maîtres que de Classe (ré-inventé soit dit en passant par le DASEN à Mison à la rentrée prochaine) pour les remplacer par les dédoublements de GS, CP et CE1 en REP.

Dans le département, cinq écoles de Manosque sont concernées. Manosque est la commune la plus clivée du département entre l’école privée et l’EI PACA d’une part, qui sont les plus favorisées, et les écoles de REP d’autre part qui présentent les IPS (Indice de Positionnement Social) les plus bas du département : une véritable ségrégation scolaire (voir tableau ci-dessous).

Une des caractéristiques de la gestion des REP par l’administration est censément de tenter de pérenniser les équipes pédagogiques (d’où les primes REP par exemple).
Et pourtant le DASEN a choisi de jouer au chamboule-tout avec les classes dédoublées : trois fermetures contre une ouverture à la rentrée prochaine. Un arbitrage qu’il présente comme de simples « mesures techniques », sans aucun souci pour les équipes en place ni aucune vision globale de ces écoles.

Nous avons contesté ce choix dans les diverses instances de travail, sans être entendu•es.

Résultat : il sait pertinemment qu’il devra re-créer des postes l’an prochain (une cohorte de 52 GS monte en CP à la rentrée 2025 à la Luquèce).

C’est donc, au prétexte d’ajustements « techniques », une véritable valse d’ouvertures et de fermetures que le DASEN envisage chaque année. Des points de fermetures, des participations contraintes au mouvement, des ré-organisations pédagogiques annuelles, des équipes constamment déstabilisées… Sur le dos des collègues, des élèves et des familles.
Soit l’exact contraire de ce qu’il affirmait dans la Provence d’hier (22/02/24), « une carte scolaire construite dans la durée », à mille lieues d’un prétendu « suivi pluriannuel ».
Les moyennes par classes de ces écoles hors classes dédoublées révèlent des situations parfois compliquées (plus de 25 dans certaines classes de PS, MS, CE2, CM1, CM2). Les postes récupérés sur les dédoublements auraient naturellement dû être utilisés pour alléger ces effectifs et améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage.

Nous avons dénoncé la précipitation avec laquelle ce calendrier de carte scolaire avait été élaboré, qui ne laissait que deux jours ouvrables aux communautés éducatives pour se mobiliser.

Certaines savent le faire : les milieux sociaux-professionnels les mieux armés pour oser interpeller un Inspecteur d’Académie et se faire entendre, accompagnés de leurs élu•es, dans les médias.

Il n’en va pas de même dans les quartiers populaires de Manosque, dont les habitants portent tous les stigmates d’une société qui les discrimine : origines souvent immigrées, maîtrise de la langue, accent... On pouvait être sûr d’une chose : ce ne sont pas ces familles qui risquaient de perturber le décorum du CDEN (et ce ne fut pas le cas). Le maire non plus, qui recrute plutôt ses électeurs à Saint Charles et l’EI PACA, ne s’est pas manifesté.

Les laissés pour compte le seront donc une fois de plus, et le DASEN en porte l’entière responsabilité.

Comment le DASEN utilise les REP comme variables d’ajustement

Comment le DASEN utilise les REP comme variables d’ajustement