Connaissez-vous le syndrome du poulet sans tête ?

"Quand le stress et la pression montent, cela déclenche chez certains le fameux syndrome du poulet sans tête. Et c’est là que se situe le danger, lorsque le cerveau se met en mode panique. A partir de là, on se comporte comme ce pauvre poulet sans tête. On se met à courir partout, dans tous les sens. On brasse beaucoup d’air, on prend des décisions irréfléchies, on change d’avis toutes les trois minutes. On devient confus et agit sans prendre le moindre recul. On tente tout et n’importe quoi dans l’espoir de faire changer les choses. On est dans une course en avant, qui nous conduit droit dans le mur".

Urgence, improvisation, désorganisation ... Voilà ce que la pression ministérielle sur le harcèlement scolaire veut faire de nous : des poulets sans têtes…

Les collègues ne s’y trompent pas d’ailleurs. Notre enquête de rentrée réalisée en octobre l’atteste.

Pour une prévention et un traitement efficaces du harcèlement en milieu scolaire, il faut :

⇒ Du temps, pour la réflexion, l’élaboration, la mise en œuvre, l’appropriation des procédures ;

⇒ Des moyens, en particulier des personnels dédiés à ces nouvelles missions ;

⇒ De la formation, indispensable à tous les échelons d’intervention.

Soit tout le contraire de ce qui se passe actuellement.

● En guise de temps, nous avons l’urgence permanente, sous la pression hiérarchique, la pression de l’actualité, en fonction de l’agenda communicationnel du ministre.
Les injonctions pleuvent, sans tenants ni aboutissants, sans aucune cohérence d’ensemble et n’ont qu’une fonction : permettre à nos chefs d’expliquer devant les caméras que « tout est mis en œuvre ».

● En guise de moyens, nous n’avons rien : aucun moyen humain supplémentaire n’a été alloué pour répondre à ces nouvelles missions. Ce sont les RASED, les conseiller•ères pédagogiques, les ERUN, les directions d’école qui pallient cette absence. Ces interventions pHARe se rajoutent à leurs emplois du temps déjà chargés et les empêchent de répondre à leurs missions fondamentales, laissant les élèves en difficulté dans la panade et les enseignants davantage livrés à eux-mêmes pour tout ce qui est ressources pédagogiques et didactiques.

● En guise de formation, nous avons de la poudre aux yeux : lors du lancement progressif de pHARe il y a deux ans, certain•es ont bien bénéficié de formations académiques. Mais la généralisation du dispositif dans la précipitation a conduit à envoyer sur le terrain tous azimuts des collègues qui n’ont reçu littéralement aucune formation. Pire, on a même des formateurs sur le papier qui n’ont eux-même pas été formés. Ils sont de plus en plus nombreux aujourd’hui à se désengager du dispositif, et on les comprend !

La question du harcèlement est une chose trop sérieuse pour être laissée à des communicants sans scrupules.

Les gouvernements de droite dans la continuité desquels s’inscrit la macronie (Blanquer était un fidèle de Darcos) ont laminé les RASED en y supprimant des milliers de postes, notamment de maîtres•ses G (dominante relationnelle). Le gouvernement veut encore supprimer 2 500 postes à la rentrée prochaine, alors que quasiment chaque trimestre de nouvelles tâches nous tombent sur les épaules.

Faire toujours plus avec moins, toujours plus vite, sans réfléchir… Ça amuse peut-être nos DASEN et IEN, mais nous, dans nos écoles, ne succombons pas à leurs marottes. Laissons-les courir, et regardons jusqu’où ils vont.

Protocole Harcèlement : l’Éducation Nationale comme un poulet sans tête

Protocole Harcèlement : l’Éducation Nationale comme un poulet sans tête